Après un master d'Études Médiévales à Sorbonne Université (ex Paris-Sorbonne), Alexandre effectue actuellement une année de césure et prépare un projet de thèse pour 2018-2019. Pendant ses études, il a participé à l'atelier de pratique artistique « Théâtre et Chœur de l'Antiquité ».
Pourquoi avez-vous choisi l’atelier Théâtre et Chœur de l'Antiquité ?
Pour continuer mon apprentissage du théâtre, en amateur très envieux d’apprendre à jouer juste, et d’étendre ma palette de caractères.
En arrivant à Paris-Sorbonne, j’ai regardé les offres d’ateliers de théâtre, et celui-ci m’a parlé immédiatement, car il proposait uniquement du théâtre antique, à l’antique ! C’était l’opportunité la plus originale de tous les cours de théâtre de l’université, mais c’était surtout pour moi celle de reprendre le théâtre à ses bases, le théâtre grec antique étant l’origine de la dramaturgie européenne, une connaissance importante selon moi pour une formation d’acteur.
Aviez-vous déjà pratiqué cette activité, sous une forme ou une autre avant l’atelier ?
Oui : j’avais commencé à apprendre le théâtre dans les ateliers de l’Université Lyon 3, deux ans auparavant. Mais je ne l’avais jamais pratiqué à la façon de cet atelier, qui nous plonge dans la musique, la danse, et les codes dramatiques des cérémonies de la Grèce antique. La raison en est simple : aucune troupe de théâtre en France (a minima) autre que le Théâtre Démodocos ne donne accès à cette pratique, qui expérimente le fruit de longues recherches.
NDR : Le Théâtre Démodocos est le nom de cet atelier de pratique artistique
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cette pratique artistique ?
Ce qui me plaît, c’est que cet atelier, malgré les défauts logistiques et pédagogiques dont il peut souffrir, propose un enseignement rarissime en France pour ceux qui pratiquent le théâtre, la danse et la musique. Il permet de développer considérablement la sensibilité à la langue d’un texte et à la mélodie, et bien sûr d’entrer dans une technique de jeu à la gestuelle et la déclamation codifiées, des ressources qui ouvrent à l’interprète sa conception de l’art dramatique.
Une pratique qui est encore à alimenter par la recherche documentaire et artistique, car dans ce domaine elle manque beaucoup, et les ateliers aussi !
Le retour d'Ulysse - Création du Théâtre Démodocos © Myriam Toumi
Qu’est-ce que l’atelier vous a apporté ?
Il m’a forcé à briser ma conception d’une technique de jeu uniforme, qui tournait autour du jeu de la scène contemporaine.
Ce décrochage du jeu d’aujourd’hui est inévitable, car l’atelier nous projette sans filet dans une mentalité et une façon de composer qui sont foncièrement différentes.
D’une scène de théâtre parisien - comme on l’apprend dans les ateliers de théâtre habituels - on passe à l’amphithéâtre de la cité grecque du Ve siècle avant J.-C, où l’acteur et le musicien ne cherchent pas à incarner les tenants d’une histoire, mais à représenter des mythes humains à travers les images de leurs passions et du divin. J’ai constaté avec le temps que le metteur en scène de cet atelier reste économe de ses connaissances et de ses conseils : l’apprentissage nécessite donc plus de patience qu’un autre cours de théâtre, et les progrès proviennent d’abord de nos propres initiatives d’interprète.
Mais les mécanismes de la pensée et du geste que j’y ai trouvés ont été pour moi un bouleversement et une fraîcheur déterminants dans ma formation théâtrale.
Vous diriez quoi à un·e étudiant·e qui hésiterait à se lancer dans un atelier de pratique artistique ?
D'essayer l’atelier Théâtre et Chœur antiques même sans objectif défini dans sa pratique en théâtre, musique ou danse, car c’est une découverte pour tout le monde, quoique déconcertante au premier abord.
D’autant que même la participation à un seul semestre donne tout son intérêt à l’initiation, car on a déjà une bonne partie du paysage sous les yeux au bout de quelques séances. Si il ou elle n’a jamais pratiqué le théâtre, la danse ou la musique, je lui conseillerais plutôt de commencer par quelques séances dans d’autres ateliers plus basiques avant de passer par celui-ci, car son contenu reste un peu ésotérique, et une mise en jambes par la pratique contemporaine ne peut faire que du bien.
En prolongement, voici une petite captation mise en ligne du spectacle Œdipe Roi de Sophocle, joué par le Théâtre Démodocos et le Théâtre et Chœur antiques. C’est un bon rendu du travail proposé à l’atelier, et la première pièce que j’ai travaillée en arrivant à l’atelier.
Avez-vous des coups de ♥ pour des troupes de théâtre, des sources d’inspiration ?
En effet : je participe depuis 2016 au spectacle « Le Tartuffe inconnu » » de Molière, et à l’atelier qui est né de ce projet à Sorbonne Université en 2017, intitulé « Théâtre Molière Sorbonne ». C’était un coup de cœur à la base car quand j’ai rejoint le Théâtre et Chœur antiques, j’étais déjà féru de restitution de formes anciennes de langage et de musique, dont j’ai découvert la pratique dans le théâtre grec antique, et retrouvé en jouant ce Tartuffe, grâce auquel je continue de me former au théâtre baroque.
C’est pour moi une continuation du Théâtre et Chœur antiques, car il fonctionne également sur la représentation de l’humain à travers une technique de la voix et du geste particulière et, c’est là le plus fascinant, comme disparue de la scène d’aujourd’hui.
Je vous invite à consulter la page du Service Culturel de Sorbonne Université pour une pleine exposition de cet atelier.
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