C'est quoi i-Share?
i-Share est une étude de grande ampleur sur la santé des étudiants. Elle a comme principe de collecter des données sur la santé de 30 000 étudiants et de les suivre pendant 10 ans. L'étude existe pour pallier le manque d'informations sur le sujet. L'objectif d'i-Share est double : affiner les connaissances scientifiques sur des problématiques de santé qui touchent les étudiants, et à partir de ces connaissances, améliorer la prévention et la prise en charge de ces problèmes. L'étude se concentre sur 5 axes de recherche prioritaires : la migraine, les infections sexuellement transmissibles, l'évolution et la structuration du cerveau pendant les études supérieures, la santé mentale et les conduites à risques. 18 000 étudiants ont déjà participé à l'étude en répondant à des questionnaires anonymisés sur leur santé. Pour aller plus loin, voir l'article sur l'étude et ses enjeux |
Certains étudiants, comme Océane Sotéras, se sont engagés en tant qu'étudiants "relais-santé", un emploi sur le campus.
Quel était votre rôle en tant qu’étudiante relais-santé ?
Océane : Je me suis engagée lors du lancement de la biobanque : on proposait aux étudiants de passer une IRM cérébrale et des bilans sanguins. J’ai été embauchée pour assurer l’accueil de ces étudiants. Je leur faisais passer des questionnaires, de contre-indications notamment. Idem pour les bilans sanguins : je leur faisais remplir quelques papiers, et à l’issue du prélèvement, je leur donnais une collation.
De l’accueil et de l’accompagnement, donc, pour que tout se passe au mieux et que ce soit le moins stressant possible.
L’IRM cérébrale, ce n’est pas un examen si courant que ça, donc le but était de les rassurer. Les étudiants sont informés des résultats si jamais, de façon fortuite, les chercheurs trouvent quelque chose de notable pour leur santé, mais ils ne cherchent pas quelque chose en particulier.
C'est quoi, la biobanque ?
© i-Shareh
Pourquoi avez-vous rejoint le projet ?
Océane : Il y a une équipe d’étudiants relais-santé qui explique sur chaque campus bordelais, une fois par semaine, les enjeux et le principe de l’étude i-Share, pour inciter d’autres étudiants à participer. Je connaissais i-Share parce que je voyais les étudiants relais sur mon campus une fois par semaine. J’étais à la recherche d’un job étudiant, et j’ai postulé à une annonce postée sur leur page facebook. Ce qui m’a donné envie, c’est l’équipe, et la bonne entente entre les étudiants relais et globalement entre tous les membres de l’équipe i-Share, qui est bienveillante et dynamique.
En tant qu’étudiants relais, on est régulièrement consultés pour donner notre avis sur les projets que l’équipe i-Share a en tête.
C’était très appréciable et très gratifiant que notre regard d’étudiant soit pris en compte.
Ce qui m’a donné envie de rejoindre le projet, c’est aussi que j’étais moi-même convaincue de l’intérêt de cette étude. Je fais des études en psychologie et la santé est donc un domaine auquel je suis sensibilisée et sensible. Pouvoir accompagner des étudiants, sur leur santé, entrait dans les choses que j’avais déjà apprises et que j’aime faire, c’était un peu LE job pour moi. Je recherchais un job dans lequel je pouvais me sentir utile, et mon avis a vraiment été pris en considération.
Cela m’a permis aussi d’en apprendre plus sur la recherche en générale – et étant dans un cursus de psychologie à l’Université de Bordeaux, qui est très axé sur la recherche, ça m’a aussi aidée dans le cadre de mes études.
Cela m’a permis d’avoir un regard complémentaire sur la santé des étudiants. J’ai mieux compris comment fonctionnait une étude épidémiologique, dont on parle beaucoup dans mes études, parce que j’ai pu échanger directement avec des chercheurs.
Quels sujets de santé revenaient le plus souvent en discutant avec les étudiants ?
Océane:Les sujets de discussion tournaient surtout autour des études et du stress que cela peut générer. On a de tout au niveau des profils mais beaucoup d’étudiants en médecine, et psychologie aussi, ont participé à l’étude. L’angoisse de ces étudiants porte principalement sur le passage de grandes étapes, comme du Master 1 au Master 2, mais les discussions sur le stress portaient parfois aussi sur les difficultés financières. J’ai aussi échangé avec des étudiants un peu isolés, ceux qui venaient d’une autre ville ou même d’un autre pays et qui avaient du mal à créer du lien avec d’autres étudiants.
Comment abordiez-vous le sujet des conduites à risques ?
Océane:Je pense qu’en tant qu’étudiants, notre discours est peut-être plus percutant que s’il vient d’un médecin ou d’un adulte lambda qui ferait la promotion de l’étude. On est nous-mêmes étudiants, on a conscience des problèmes que les conduites à risques peuvent engendrer et on a tous dans notre entourage des gens qui sont confrontés à ces problématiques. Je n'ai jamais eu de mal à aborder cette problématique, et à le faire sans tabou, parce qu’entre étudiants ça n’en est pas un.
Les étudiants savent aussi qu’on n’est pas là pour tenir un discours réprobateur, mais pour rassurer.
Les réponses au questionnaire sont anonymisées, donc il ne s’agit pas d’informer les parents des étudiants par exemple ! On insiste sur l’objectif de trouver des solutions efficaces pour les générations futures, et ils peuvent y contribuer en participant à l’étude. A priori on ne sera plus étudiants dans 10 ans, donc les résultats ne seront pas «pour nous», mais pour leurs petits frères et leurs petites sœurs par exemple.
C’est cela dit maintenant que cela peut se jouer, car c’est la première fois que l’on s’intéresse d’aussi près à la vie étudiante au-delà des clichés habituels...
« La vie étudiante c’est cool, on sort, on mange des pâtes, tout va bien»... la réalité n’est pas du tout comme ça.
L’un des axes de recherche d’i-Share se concentre sur la migraine dans la population étudiante. Pouvez-vous nous en parler ?
Océane : J’ai une amie étudiante qui est directement touchée, et c’est quelque chose d’horrible. Elle doit rester dans le noir, la tête entre les genoux pendant plusieurs heures, c’est très handicapant pour les étudiants qui en souffrent parce qu’ils savent qu’ils seront complètement HS toute la journée, qu’ils ne pourront rien faire à cause de cette migraine. C’est une problématique que j’ignorais, car je n’y suis pas confrontée, et je ne pensais pas qu’elle avait autant d’ampleur.
Un dernier mot pour conclure
Océane:Je suis très contente d’avoir pu m’investir dans cette étude en tant qu’étudiante relais mais aussi en tant que participante, car j’ai aussi rempli tous les questionnaires et participé à la biobanque. J'ai pu contribuer à l’étude en informant sur les stands et en accompagnant des étudiants, et c’est quelque chose dont je serai encore plus contente dans quelques années quand la majorité des résultats auront été publiés. Me dire que j’y ai contribué, c’est très gratifiant, et cela m’a aussi permis de rencontrer beaucoup de personnes – des étudiants me reconnaissaient sur le campus, c’était marrant.J’ai eu l’opportunité d’avoir ce rôle et je suis très satisfaite d’avoir pu donner un coup de pouce à l’étude en m’engageant
Cela permet aussi de profiter de son statut d’étudiant pour contribuer à d’autres choses, de ne pas être pas là que pour ses études.
© i-Share