La finale nationale du tremplin de Théâtre s'est déroulée les jeudi 2 et vendredi 3 juin 2022 à Nancy. Les quatre troupes finalistes ont pu chacune leur tour se produire sur scène devant un public.
A l'issue de la soirée, le jury national a attribué les prix suivants :
1er Prix : Cie Conférence pour les arbres, Crapalachia (Crous Strasbourg)
Crédit photo : Bruno Liénard
« Prendre la parole de Scott McClanahan quand il raconte la Virginie occidentale, son enfance, la grand-mère Ruby qui se recueille sur sa propre tombe, l’oncle Nathan qui boit la bière à même le tube d’alimentation, les copains pleins de TOCs qui tombent amoureux des voisines qui ne savent pas quoi en faire. Se demander ce que c’est de raconter. Se demander ce que c’est la mémoire. Et ce que c’est que l’oubli. Et si la voix, ici, maintenant, ne pourrait pas nous aider à le vaincre. Se demander comment on aime quand le temps fait distance. Se demander où ça nous mène d’être tous là à se parler. Enfin, se demander quelle place on laisse au mensonge, quand nos langues fourchent un peu trop. Et si on ne laisserait pas la fiction nous sauver. (…)
Sur scène les 5 comédien·ne·s alternent constamment entre narration et jeu. La distribution n’est pas fixe, ils troquent les personnages entre eux, parfois les démultiplient pour mieux leur donner corps. Entre leurs mains passent une galerie de membres de la famille et d’amis d’enfance, certains drôles, d’autres frustrants, tous, toujours, attachants. C’est un texte très tendre, qui tisse autour de nous une toile de mémoire et de perte, et nous laisse plein de l’envie de se sentir exister ensemble. »
La Cie. Conférence pour les Arbres : Forte de la pluridisciplinarité de ceux et celles qui en font partie, la compagnie a un pied dans le théâtre et un pied dans les arts visuels. Elle crée des formes qui tentent de trouver, documenter, partager, expérimenter, de nouvelles manières d'exister au sein d'un monde qui glisse vers sa fin. On y défend des valeurs d’inclusivité, de création dans la bienveillance et dans la joie.
2ème Prix : Cie Dram'Aède, La fiancée du ciel (Crous Lyon)
Crédit photo : Bruno Liénard
« Lyon, 1920. Léo a 20 ans et a perdu son père, aviateur, lors de la Grande Guerre. Sa rencontre inattendue avec un mécanicien lui fait redécouvrir sa propre passion pour l’aviation. Elle décide de ne pas en parler à sa mère… (…)
Au-delà de la représentation historique et de l’aviation, ce spectacle explore les relations familiales, le deuil et l’affirmation de soi dans le passage à l’âge adulte. Ces éléments sont travaillés en profondeur lors des répétitions, à travers des exercices de mouvement, de construction biographique et d'improvisations. »
Fondée en 2019, Dram'Aède est une association étudiante qui permet aux étudiants lyonnais de toutes écoles et facultés de participer à la conception de spectacles pluridisciplinaires. La diversité de nos participants ainsi que le soin apporté aux costumes et aux décors de nos productions sont centraux dans notre approche théâtrale. Nous souhaitons proposer des spectacles ayant une forme enthousiasmante et un fond mémorable. L'association a bénéficié par le passé de subventions de la Métropole de Lyon, du CROUS, de l'Université Lumière Lyon 2 et de la Région Auvergne Rhône-Alpes, ainsi que du "Trophée de l'Étudiant" 2020.
3ème Prix : Cie Mastique notre cœur en plastique, La mégère apprivoisée ou ce qu'il en reste (Crous Lille)
Crédit photo : Bruno Liénard
« C’est tout d’abord le thème des violences conjugales - et tout particulièrement le thème des violences faites aux femmes - qui nous a touché et poussé à mettre en scène La Mégère apprivoisée de William Shakespeare. Aussi, notre regard contemporain sur cette œuvre nous a permis de dépasser le propos misogyne de la pièce afin d’en déterrer les violences psychologiques et sociales latentes ancrées sur des discriminations systémiques. Nous nous sommes approprié cette pièce en soulignant les abus psychologiques conscients et inconscients mis en place par Petruchio - et les autres hommes de l’œuvre - afin de soumettre Katherina et de réduire son essence à l’idée de “la Femme” attendue : douce, sensuelle, aimante, docile, reconnaissante, soumise et obéissante. Précisons également qu’en asseyant leur domination sur Katherina, mais aussi sur Bianca, les hommes ici mis-en-scène se réduisent eux aussi au mythe de la virilité qui finit par les conditionner. Pour ce faire, nous avons opté pour une perspective multi-temporelle afin de démontrer la constance de ce phénomène. De plus, notre objectif était aussi de souligner les diverses séquelles de ces abus sur la psyché et sur le corps matériel de Katherina afin de montrer sa déchéance psychiatrique et physique. L’idée est d’intégrer le public en créant une atmosphère dérangeante et oppressante afin que ce dernier pénètre notre propos, que ce soit par la révolte ou par le malaise. (…)
Nous nous sommes entièrement réapproprié la pièce de Shakespeare en y apportant des modifications sur différents plans. Le texte a d’abord été diminué en grande partie car nous avions une limite de temps. Certaines répliques ont aussi été allégées pour permettre une meilleure compréhension du propos par les spectateurs et accentuer des échanges vifs entre les comédiens. Certaines scènes ont été travaillées en écriture de plateau afin de mettre en avant les enjeux de la scène indépendamment du texte. »
Le collectif Mastique notre Cœur de Plastique est composé de vingt-quatre étudiants de troisième année de Licence d'Études Théâtrales. Parmi ce groupe composé de talents aussi nombreux que divers, deux personnalités se sont imposées comme meneurs du projet : les deux metteurs en scène principaux, Colas Valtille et Léa Larivière. Leur entente artistique et esthétique a été subite et créatrice. L'un étant complémentaire de l'autre. Colas est toujours dynamique comme monté sur ressorts, avec une force de travail colossal et un sens très aigu du relationnel. De l'autre, Léa, la force tranquille, plus calme et plus concrète. Créatrice passionnée, elle apporte un grand sens du détail au groupe. Ce duo de metteurs en scène a pour but d'encourager et rendre cohérent le travail de chaque membre du groupe. Ils ont pour principe artistique de laisser l'acteur créatif et moteur principal de l'action. Créer des images nettes et marquantes est au cœur de leur esthétique. Tous les deux étant influencés par les arts plastiques, leur esthétique s'en trouve marquée. Le collectif est un cri de rage, un geste de courage et du travail d'équipe.
4ème Prix : Cie L’Oiseau et la plume, Maria 19 : Souvenir d’une histoire oubliée (Crous Lille)
Crédit photo : Bruno Liénard
« María 19 parle de la femme, de l’épouse, de la mère et de la soignante. Il s’agit d’approcher l’héroïne de tous les jours, cette femme universelle qui est le pilier au sein des foyers, d’autant plus durant les guerres. La pièce reprend l’histoire de María, mère de l’auteure, qui a été blessée par une balle de fusil le 30 novembre 1985, lorsque l’armée colombienne décida de lancer l’opération “Cali, Noël propre” , dont l’objectif était de démanteler le groupe insurgé M19 du quartier de Siloé, situé en périphérie de Cali.
Maria 19 : souvenir d’une histoire oubliée est un projet qui a gagné, en 2016, le concours de Création de Théâtre et de Cirque initié par le Secrétariat à la Culture de la Ville de Cali en Colombie. Son objectif premier est la retranscription et la mise en scène originale d’un fait historique à travers l’exploration scénographique du conflit armé et le point de vue de la fille d’une femme victime de la guerre. Le projet a pour objectif d’encourager le public à se souvenir du passé et se réapproprier la mémoire individuelle et collective. »
La compagnie l’Oiseau et la Plume a été créée par Lina Ramirez en 2016. Ses propositions scéniques se focalisent sur l’exploration autofictionnelles qui mettent en exergue la transformation d’expériences vécues en manifestations artistiques. Sa dramaturgie cherche à tisser des liens entre l’intime et le public, invitant les spectateurs à approcher et comprendre leur propre intimité, en affrontant leurs sentiments de douleur ou de bonheur qui, inévitablement, les connectent avec le monde dans lequel ils vivent. Les pièces réalisées jusqu’à aujourd’hui se nourrissent du traitement esthétique d’artistes transdisciplinaires colombiens et français.
Le Jury 2022
Denis Milos, Metteur en scène et Directeur artistique du Théâtre Universitaire de Nancy, Président du jury
Caroline Bornemann, Chargée de production au Théâtre universitaire de Nancy
Lee Fou Messica, Directrice et programmatrice de l’Espace Bernard-Marie Koltès de Nancy
Hocine Chabira, Metteur en scène et Vice-Président en charge du développement du projet culturel à la Métropole du Grand Nancy
Charles Thomassin, Conseiller municipal délégué à l’économie solidaire, à la monnaie locale et à la vie étudiante à la Ville de Nancy
Clémence Didier, Chargée d'études - Mission handicap DGESIP (direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche)
Zoé Vannarath, bénévole à Radio Campus Lorraine et étudiante
Jérémy Spiegel, Vice-Président étudiant du Crous Lorraine
Thomas Guedenet, Directeur du service Culture, Animations et Projets sociétaux au Crous Lorraine
Nicolas Scheil, Chargé d'action Culture, Animations et Projets sociétaux au Crous Lorraine